jeudi 21 mai 2015

Un jour, nous ne travaillerons plus

Le mois dernier, j'ai participé à un séminaire à Dublin dédié à la question du travail. La fameuse question du temps de travail a naturellement été abordée. Parmi toutes les interventions, l'une d'elles m'a semblé particulièrement intéressante, car elle prenait la peine de prendre du recul face à la situation présente pour obtenir une vision d'ensemble. A l'inverse des ses prédécesseurs, l'intervenant y démontrait en effet pour quelles raisons l'humanité était voué à travailler moins pour gagner toujours plus. Et ce n'était pas, comme il le précisait, une chimère lointaine : ce mouvement était amorcé, et ce depuis le commencement de la révolution industrielle. Les innovations qui ont vu le jour au cours de la révolution industrielle nous ont en effet permis de nous enrichir de manière globale, et de vivre dans de meilleures conditions. Les métiers que nous exerçons aujourd'hui requièrent par exemple moins de temps et menacent moins notre santé qu'il y a un siècle. Si on a tendance à l'oublier, nous profitons actuellement d’une santé, d’une espérance de vie et d’un niveau de vie dont même les rois et la noblesse du Moyen Âge ne pouvaient rêver ! Le scénario-catastrophe selon lequel, à l’avenir, nous devrons tous travailler jusqu’à notre fin est par conséquent dépourvu de tout fondement. C’est plutôt l’inverse qui va se produire. La recherche scientifique s'évertue à rendre le salarié plus productif et lui permet ainsi de travailler de moins en moins longtemps, tout en gagnant en valeur ajoutée. En Europe, le temps où la moitié de la population était active dans le secteur de l’agriculture est terminé depuis longtemps, et ce, grâce à l'amélioration des techniques agricoles, à l'introduction des engrais et des organismes génétiquement modifiés. Au cours des deux derniers siècles, nous avons surtout dédié l’augmentation collective de notre espérance de vie et de notre richesse à davantage de temps libre. Le fait qu'il nous faille aujourd’hui travailler à nouveau plus longtemps n’est qu’un accident temporaire. Nous avons en effet pris une avance sur des fonds que nous n’avions pas encore créés. Mais cet accident est négligeable au regard de l'évolution, car, dans l'ensemble, nous allons vers toujours plus de richesse, et toujours plus de temps libre. Ce séminaire à Dublin – suivez le lien pour le contact de l’organisateur - a été une vraie bouffée d'optimisme face au marasme actuel.