mercredi 6 juin 2018

Populisme, « système » et suffrage néo-censitaire

Terme répandu chez les « électorialistes », le mot « populisme » dispute son absence de scientificité à celui de « système ». En premier ressort, le populisme ne saurait seulement se réduire à la « démagogie » des acteurs politiques incriminés. A ce compte-là, Benoît Hamon (projet de revenu universel) ou Jérémy Corbyn (retour des nationalisations et de l’Etat providence), seraient des populistes lorsqu’ils promettent aux catégories dites « populaires » une augmentation de leur pouvoir d’achat par l’expansion du déficit budgétaire. Le terme de populisme fut majoritairement réservé à des candidats issus de la droite conservatrice comme Nigel Farage en Grande-Bretagne. On doit attendre l’émergence en Italie de l’humoriste Beppe Grillo et du mouvement « Cinq étoiles », pour évoquer un populisme de gauche. Pourquoi ? Parce que le pseudo-concept de populisme a remplacé l’insulte de « fasciste » réservée jusqu’aux années 1990 aux candidats d’une droite réputée « autoritaire », sans tenir compte alors des spécificités doctrinales, historiques et nationales du fascisme d’entre-deux-guerres. Aujourd’hui, cette rhétorique ne fonctionne plus auprès des électeurs, surtout lorsque ces derniers se sentent à leur tour visés. Aux Etats-Unis, en matière de démagogie électorale, sinon de populisme, c’est la totalité du système politique américain qui se voit atteinte par le phénomène. La virulence du ton adopté par Trump a fait oublier la démagogie d’Hillary Clinton. Son programme électoral n’en était pas un, mais plutôt un vrai catalogue de dispositions susceptibles d’attirer le maximum des segments du spectre électoral, en négligeant au passage le ressentiment des Noirs à l’égard du grand enfermement promu par Bill Clinton dans sa lutte contre la drogue. Autant que Donald Trump, Hillary Clinton a voulu le pouvoir pour le pouvoir, sans savoir ce qu’elle ferait au juste, une fois installée dans le bureau ovale. F. D. Roosevelt lui-même en 1932, ignorait au juste comment agir contre la grande dépression. C’est seulement après son arrivée à la Maison-Blanche qu’il conçoit les modalités du New Deal. Face au populisme, la notion de « système » pourfendue par Trump cette fois-ci, ne semble pas plus rigoureuse. Après tout, Trump appartient lui aussi à un système désastreux pour la vie des Américains : celui des spéculateurs immobiliers de Manhattan.