mercredi 11 octobre 2017

Sortir du misérabilisme des quartiers populaires

Les modes d’organisation sociale que connaissent les quartiers sont une voie très importante pour renouer les liens sociaux et dynamiser la vie sociale et économique. Partir des solutions et des structures déjà en œuvre et soutenir les initiatives endogènes constitue une issue favorable au développement des quartiers. Des statuts tels que celui de « grand-frère » en France, qui sont des éducateurs issus des quartiers dans lesquels ils agissent, peuvent être reconnus par les institutions locales et associés à l’organisation de la vie sociale et de la participation citoyenne. La prise en compte de leurs propres initiatives va permettre aux jeunes de s’approprier l’espace et de rentrer dans une dynamique locale et d’expansion de leur univers de contacts. En matière de création d’entreprise et des conditions matérielles de vie, les jeunes sont dans le besoin de trouver des structures d’accompagnement qui peuvent offrir le soutien nécessaire. Le modèle « assistanciel » et les politiques d’insertion ainsi que le model top-down de l’intervention publique ont montré leurs limites. Il serait important de mettre à la disposition des jeunes et des habitants des quartiers en question des moyens qui les aident matériellement et en termes de dispositions légales pour la concrétisation de leurs projets. Des initiatives d’échange (aux niveaux national et européen) pourront se mettre en place pour faciliter l’accès à des réseaux aux jeunes des quartiers populaires sur la base de projets culturels ou des initiatives autour des nouvelles technologies ou des services innovants. Les responsables des associations d’aide à la création d’entreprise dans les quartiers font remarquer que « les jeunes ont surtout envie d’être tirés vers le haut » : le haut n’est pas un passage de la « galère » au monde du travail ouvrier, mais plutôt vers des métiers sociaux, de l’animation socioculturelle, des carrières artistiques, etc. Il est ainsi essentiel de lutter contre la solitude institutionnelle et politique, et contre l’isolement des jeunes des quartiers défavorisés des réseaux relationnels, sociaux et économiques hors quartier. Des exemples montrent qu’un jeune responsable d’une association de quartier accède à des réseaux politiques et institutionnels qui lui permettent de jouer un rôle de médiation, de se familiariser avec les rouages institutionnels, de côtoyer des milieux politiques, de gérer des fonds et, enfin, de construire une position et un capital social qui le placent en rupture avec son destin social de fils ou de fille d’ouvrier ou de chômeur. Analyser les modalités de déploiement de cette « middle class » avec le soutien de l’action publique, son influence sur la vie des quartiers, son rôle dans les dynamiques politiques et sociales à l’œuvre, peut constituer une manière de réenvisager l’univers social des quartiers populaires de l’intérieur, par les frontières sociales qui les traversent et les structurent, et non pas comme monde uniforme, lissé par la misère.