lundi 16 mars 2015
Y a t'il une défense en Europe ?
Les aficionados comptaient sur le Conseil européen des 19 et 20 décembre, à Bruxelles, pour une possible relance d’une « Europe de la défense » particulièrement atone en ce moment. Mais c’est sans doute raté : le sommet des chefs d’Etat ou de gouvernement des « 28 », qui devait primitivement être consacré pour la première fois depuis cinq ans à la politique de sécurité et de défense commune, et seulement à ce sujet — comme s’en réjouissait le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, fin novembre, devant les députés — sera en fait tous azimuts, avec également au menu l’Union économique et monétaire, la politique sociale, l’élargissement, les migrations, l’énergie.
En outre, selon la lettre d’information TTU (4 décembre), la convergence n’a pu se faire entre ministres, avant le sommet, sur des projets comme l’achat par la Commission européenne de matériel militaire hors taxes, la mutualisation du financement des opérations extérieures, ou la mise au point d’un drone MALE européen. Sur la défense, le sommet pourrait bien ne déboucher que sur une liste de tâches et d’études à mener : la définition des besoins en drones, le renouvellement des moyens communautaires en satellites de communications militaires, les possibilités de mutualisation des avions-ravitailleurs ou les perspectives de cyberdéfense… en se donnant surtout rendez-vous en 2015 pour juger des recommandations de ces études.
On risque de rester assez loin des ambitions formulées par le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, devant les députés, le 26 novembre dernier : « L’enjeu sera de donner une impulsion à la fois politique et pragmatique dans les domaines opérationnels, capacitaires et industriels de la sécurité commune… ». Il listait alors les pistes sur lesquelles il escomptait des avancées concrètes à Bruxelles :
- l’adoption d’une stratégie européenne de sûreté maritime, dont les points d’application seront la Corne de l’Afrique, le golfe de Guinée et la Méditerranée ;
- l’engagement accru de l’Union européenne au Sahel — au Mali mais aussi à l’échelle de la région —, l’accent étant placé sur le contrôle des frontières, à commencer par celles de la Libye ;
- les progrès accomplis dans la mise en place d’une flotte européenne de ravitailleurs en vol ;
- le lancement d’une première étape en vue d’une solution européenne pour la prochaine génération de drones de surveillance, post 2020 ;
- et, au plan industriel, la mise en place d’un mécanisme d’incitation fiscale pour encourager les projets d’équipement.