mercredi 6 février 2013
Quand on assassine en Tunisie
Quand on assassine en Tunisie. Le printemps arabe sème le trouble là où il passe. Même si cela parait violent de prime abord, il faut se convaincre qu’à long terme, c’est le gage de la liberté qui est en jeu. Cette fois c’est l’assassinat de Chkri Belaid qui fait couler le sang et l’ancre. L’émotion est très grande en Tunisie comme à Paris. Bien connu des Tunisiens, avec sa casquette vissée sur sa tête et sa grosse moustache, Chokri Belaïd, 47 ans, était le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, allié au Front populaire (qui réunit plusieurs formations de gauche). Fortement ancré dans le processus démocratique, tous les regards se portent sur le parti islamiste au pouvoir, même si ce dernier condamne l’attentat. L'assassinat de Chokri Belaïd n'a pas été revendiqué. Mais partisans et sympathisants de l'opposition dénoncent déjà à l'unisson le "premier assassinat politique" en Tunisie depuis la chute de l'ancien dirigeant Zine El-Abidine Ben Ali en janvier 2011 et affirment : "On a assassiné un démocrate". Tous les regards se portent en particulier contre le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, ouvertement accusé par la famille d'être responsable du meurtre de l'opposant. La veille encore de son assassinat, mardi 5 février, il dénonçait sur un plateau de télévision "la stratégie méthodique d'explosion de violence à chaque crise au sein du Mouvement Ennahda". Quelques jours plus tôt, il avait également accusé les"milices" du parti, les Ligues de protection de la révolution (LPR) maintes fois soupçonnées de violences, d'être à l'origine de plusieurs agressions contre les rassemblements organisés par des partis d'opposition. Il avait, enfin, été très actif lors des manifestations de Siliana, en novembre, violemment réprimées. Le chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali, issu du parti islamiste Ennahda, a réagi en dénonçant "un acte criminel, un acte de terrorisme pas seulement contre Belaïd, mais contre toute la Tunisie". "Le peuple tunisien n'est pas habitué à ce genre de choses, c'est un tournant grave, a-t-il déclaré sur la radio Mosaïque FM. Notre devoir à tous, en tant que gouvernement, en tant que peuple c'est de faire preuve de sagesse et de ne pas tomber dans le piège du criminel qui vise à plonger le pays dans le désordre". La jeunesse de la démocratie est compliquée à gérée, mais nul doute qu’avec le temps, elle vaincra. A lire également dans Le Monde.
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